LA COULEUR DE L'ESPOIR
Le XV de France a remporté une victoire capitale en battant l'Irlande (25-3) après un match sérieux et parfaitement maîtrisé. Les Bleus ont fait un grand pas vers les quarts de finale, même s'ils n'ont pas réussi à marquer le point de bonus.
Les Bleus appliqués
Le rugby français n'est pas mort, et il a même retrouvé des couleurs face aux Irlandais. Voilà la bonne nouvelle de ce troisième match des Bleus dans leur Coupe du monde. La leçon argentine a bien été retenue, et le XV de France devrait être au rendez-vous des quarts de finale, le minimum syndical demandé à cette équipe si prometteuse. Une fois de plus, le public du Stade de France n'avait pourtant pas franchement revêtu son bleu de chauffe, à l'inverse des nombreux supporters irlandais, même si les taches vertes disséminées çà et là n'ont pas empêché le stade de mugir à l'annonce de Sébastien Chabal lors de la composition des équipes. Mais il y a toujours un vrai problème d'ambiance à Saint-Denis. On peut ainsi se demander comment le poignant Ireland's Call peut y faire plus de bruit que la Marseillaise. C'est un autre débat, qui aura son importance lors de la phase finale. Pour y être, le XV de France avait rendez-vous avec son destin, et jouait sans doute le match le plus important de son histoire. L'Irlande, en plein doute, n'en menait pas large non plus. Dans le couloir menant à la pelouse, on avait d'ailleurs l'impression de voir des gladiateurs rentrer dans l'arène, en sachant pertinemment que l'un des deux allait ressortir dans la peau d'un condamné. On savait que le premier quart d'heure serait tendu, et les premiers ballons l'ont vite confirmé : les deux équipes, qui se connaissent par coeur, se sont observées avec un défi physique immédiat (de nombreuses chandelles par exemple, pour tester l'adversaire) et des échanges de coups de pied pour occuper le terrain. Plus dynamiques, plus agressifs, les Bleus ont ouvert le score sur une pénalité d'Elissalde.
Mais ce sont les Irlandais qui ont allumé les premières mèches dans le camp tricolore, sous l'impulsion de D'Arcy ou Horgan. La défense française a encore tenu bon, et il fut alors temps de prendre le jeu à son compte. Un ballon de récupération d'Heymans et une relance de cinquante mètres ont mis les Bleus dans le bon sens : Poitrenaud manquait d'un rien l'essai en bout de ligne, mais Elissalde doublait la mise sur pénalité. Réaliste, disciplinée, visiblement sereine, l'équipe de France avait le match en main, et sans briller, elle avait l'air plus en jambes que son adversaire. Chaque accélération prenait de vitesse l'arrière-garde irlandaise, obligée de multiplier les fautes pour colmater les brèches. Et il ne faut pas offrir des munitions à Jean-Baptiste Elissalde, qui enquillait sa troisième pénalité à la vingtième minute. Signe de confiance, les Français décidaient même un peu plus tard de jouer une pénalité à la main à la demi-heure de jeu. Gourmandise mal payée, puisqu'Ibanez perdait le ballon dans un ruck féroce. A trop laisser de points en route, on s'expose, et le drop de O'Gara juste avant la pause permettait aux Verts de revenir au score, avant une quatrième pénalité d'Elissalde. Plutôt dominateurs, les Bleus rentraient au vestiaire avec neuf points d'avance, mais pouvaient sans doute regretter ne pas avoir marqué au moins un essai. Le point de bonus paraissait loin, mais la victoire semblait largement à la portée des hommes de Bernard Laporte.